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Jacques Chirac, pas d’alliance avec l’extrême droite

L’annonce du président des Républicains, Éric Ciotti, le 11 juin 2024, souhaitant une alliance avec le Rassemblement national (RN) pour les élections législatives anticipées, a marqué un tournant historique pour la droite française.

« Nous avons besoin d’une alliance, en restant nous-mêmes, (…) avec le Rassemblement national et avec ses candidats », a-t-il déclaré.

Cette proposition, si elle se concrétise, serait la première du genre en France, signifiant une rupture significative avec la position traditionnelle de la droite française vis-à-vis de l’extrême droite.

INA : Jacques Chirac et son engagement Républicain

Retour en 2002, une époque marquée par une élection présidentielle qui a secoué la France entière. Jacques Chirac, alors candidat du RPR (prédécesseur des Républicains), affrontait Jean-Marie Le Pen, le candidat d’extrême droite, au second tour. Ce duel politique a suscité une onde de choc nationale. Le 23 avril, entre les deux tours, Jacques Chirac a pris une position ferme en refusant tout débat avec Jean-Marie Le Pen. Il a affirmé avec conviction :

« Face à l’intolérance et à la haine, il n’y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible. Il faut avoir le courage de ses convictions, la constance de ses engagements. Pas plus que je n’ai accepté dans le passé d’alliance avec le Front national et ceci quel qu’en soit le prix politique, pas plus que je ne l’ai accepté dans le passé, je n’accepterai demain de débat avec son représentant. »

Une position inflexible

Jacques Chirac a toujours été clair sur sa position vis-à-vis de l’extrême droite. Dans son discours de 2002, il saluait le réflexe démocratique des Français, affirmant leur attachement indéfectible aux valeurs de la République et des droits de l’homme. Il soulignait l’importance de l’unité nationale au-delà des divergences politiques et insistait sur le refus collectif de l’extrémisme, du racisme et de la xénophobie. Pour Chirac, la France se devait de défendre haut et fort l’honneur de la démocratie et de dire non à toute forme de discrimination, tout en renforçant le modèle d’intégration républicaine.

Un combat moral

Le refus de Jacques Chirac de transiger avec l’extrême droite était enraciné dans un combat moral profond. Il s’opposait fermement à la banalisation de l’intolérance et de la haine, et réitérait que la République ne transige pas sur ses valeurs fondamentales. Il appelait à la vigilance contre les dangers de la division et de la violence, prônant une approche de dialogue et de partage pour répondre aux souffrances des plus faibles et des exclus.

Une rupture avec le passé

La proposition d’Éric Ciotti marque une rupture notable avec cette tradition républicaine défendue par Chirac. Tandis que Jacques Chirac insistait sur l’incompatibilité absolue entre les valeurs républicaines et les alliances avec l’extrême droite, la démarche actuelle de Ciotti pourrait représenter un virage stratégique majeur pour Les Républicains. Cette évolution soulève des questions sur l’avenir de la droite française et sa fidélité aux principes qui ont longtemps guidé ses leaders historiques.

L’histoire politique française est marquée par des positions claires et des engagements fermes vis-à-vis de l’extrême droite. Jacques Chirac, en 2002, a incarné ce refus catégorique, rappelant l’importance des valeurs républicaines et humanistes. L’évolution actuelle des Républicains, sous la direction d’Éric Ciotti, pourrait redéfinir les contours de la droite française et son rapport à l’extrême droite, marquant ainsi un tournant significatif dans l’histoire politique du pays.