Etudiants

Qu’est ce que le revenu étudiant ?

Le revenu étudiant, souvent appelé salaire étudiant ou revenu universel pour les jeunes, est une forme de soutien financier destinée à tous les étudiants de l’enseignement supérieur. Ce concept vise à offrir une rémunération régulière à ceux qui poursuivent des études dans des universités, des écoles de commerce, des écoles d’ingénieurs, ou des instituts de sciences politiques, entre autres. L’objectif principal de ce dispositif est d’encourager davantage de jeunes à continuer leurs études après le baccalauréat en éliminant les obstacles financiers.

Contexte

L’idée du revenu étudiant n’est pas nouvelle et a été discutée dans divers contextes politiques et économiques. Par exemple, après la Seconde Guerre mondiale, l’idée de rémunération des étudiants était populaire même parmi certains étudiants gaullistes. En 1951, une proposition de loi pour un revenu étudiant faillit même être adoptée. Le but de ces initiatives était de promouvoir l’accès à l’éducation supérieure en réduisant les inégalités sociales.

En France, le coût des études supérieures est un frein important pour de nombreux jeunes. Bien que des dispositifs comme les bourses du Crous existent pour aider les étudiants issus de milieux défavorisés, ces aides ne sont souvent pas suffisantes pour couvrir toutes les dépenses associées à la vie étudiante. Le revenu étudiant serait ainsi une mesure plus globale et inclusive pour soutenir tous les étudiants, indépendamment de leurs ressources familiales.

Quid des pays à l’international ?

Plusieurs pays européens ont déjà mis en place des systèmes similaires. Par exemple, au Danemark, les étudiants peuvent recevoir une aide financière pouvant aller jusqu’à 860 euros par mois, en fonction de leurs revenus et de leur situation personnelle. Ce soutien est disponible pour tous les étudiants, rapprochant le montant de cette aide du niveau des bourses d’échelon 7 en France, qui sont d’environ 7 600 euros sur dix mois.

En Norvège, le revenu étudiant peut atteindre 1 150 euros par mois, bien qu’une partie de cette somme soit sous forme de prêt garanti par l’État. Toutefois, il est important de noter que le coût de la vie est généralement plus élevé dans les pays nordiques que dans l’Hexagone.

Les propositions politiques en France

En France, l’idée d’un salaire étudiant a été mise en avant par plusieurs candidats lors des élections présidentielles de 2022. Les propositions variaient :

  • La France Insoumise : Jean-Luc Mélenchon proposait un salaire étudiant d’un peu plus de 1 000 euros par mois, sous condition.
  • Parti Socialiste : Anne Hidalgo suggérait une aide ponctuelle de 5 000 euros pour tous les jeunes de 18 ans.
  • Parti Communiste Français : Fabien Roussel proposait 850 euros par mois pour tous les étudiants, sans condition de ressources.
  • Europe Écologie Les Verts : Yannick Jadot parlait d’un salaire étudiant de 920 euros par mois, également sous conditions.

En vue des élections législatives anticipées de juin 2024, le Nouveau Front Populaire (NFP) envisage un revenu minimum d’autonomie de 1 100 euros destiné à tous les jeunes en situation de précarité, conditionné aux ressources.

Les initiatives locales

Avant une éventuelle généralisation à l’ensemble du territoire, certaines communes en France ont déjà mis en place un revenu minimum étudiant, appelé revenu municipal étudiant (RME). Actuellement, environ une dizaine de villes proposent ce dispositif, cumulable avec la bourse du Crous. Cependant, cette aide est généralement plafonnée à 2 000 euros par an, soit environ 200 euros par mois pour 10 mois d’études.

Pour bénéficier de ce soutien, les étudiants doivent souvent remplir des critères de ressources et parfois de distance géographique du domicile familial. Un dossier doit généralement être complété au printemps avant la rentrée universitaire. Bien que cette initiative soit un coup de pouce bienvenu pour certains étudiants en situation de précarité, elle reste insuffisante pour couvrir tous les besoins financiers des étudiants.

Impact et perspectives

L’introduction d’un revenu étudiant pourrait avoir plusieurs impacts positifs sur le système éducatif et la société en général :

  1. Réduction des Inégalités : En offrant une aide financière à tous les étudiants, le revenu étudiant contribuerait à réduire les inégalités d’accès à l’éducation supérieure, permettant à plus de jeunes issus de milieux défavorisés de poursuivre leurs études sans avoir à se soucier de leurs moyens de subsistance.

  2. Amélioration de la Réussite Académique : Un soutien financier stable pourrait permettre aux étudiants de se concentrer davantage sur leurs études, réduisant ainsi le besoin de travailler à temps partiel et améliorant potentiellement leurs résultats académiques.

  3. Stimulation de l’Économie Locale : Avec un revenu régulier, les étudiants seraient en mesure de dépenser plus dans l’économie locale, soutenant ainsi les commerces et services dans les villes universitaires.

  4. Égalité des Chances : En garantissant un revenu minimum, tous les étudiants auraient les mêmes opportunités de réussite, indépendamment de leur situation socio-économique initiale.

Cependant, la mise en œuvre d’un tel dispositif pose également des défis, notamment en termes de financement et de gestion. Le coût d’un revenu étudiant universel pourrait être élevé et nécessiterait des réformes fiscales et budgétaires significatives. De plus, il serait essentiel de définir des critères clairs pour l’attribution de ce revenu afin de garantir son efficacité et sa durabilité.

Le concept de revenu étudiant représente une avancée potentielle majeure pour l’enseignement supérieur en France. En garantissant un soutien financier à tous les étudiants, il pourrait favoriser l’accès à l’éducation, réduire les inégalités et améliorer les perspectives académiques et professionnelles des jeunes. Toutefois, sa mise en œuvre nécessiterait une planification rigoureuse et un engagement politique fort pour surmonter les défis financiers et administratifs associés. L’exemple des pays nordiques montre que ce type de soutien est réalisable et bénéfique, mais il doit être adapté aux spécificités du contexte français.