Actualités

Des émeutes de la soif en Algérie

Des manifestations et des blocages de routes ont secoué la région de Tiaret, en Algérie, dimanche et lundi derniers, en réaction à une sévère pénurie d’eau potable. Cette situation critique survient alors que le président Abdelmadjid Tebboune avait promis de résoudre ce problème avant la fête musulmane de l’Aïd al-Adha, une période marquée par une forte consommation d’eau.

Contexte et origine de la crise

Depuis mai, les cours d’eau de cette région semi-désertique et le barrage de Bakhedda, unique source d’approvisionnement en eau, sont complètement asséchés. Cette situation a conduit à des manifestations dès le début de l’Aïd al-Adha. Les habitants de Tiaret, une ville de moins de 200.000 habitants située à 280 km au sud-ouest d’Alger, ont bloqué des routes avec des pierres et des barricades improvisées, tandis que des « émeutes de la soif » éclataient.

Des images partagées sur les réseaux sociaux montrent des routes obstruées entre Tiaret et les villes voisines de Frenda et Boucheguif, ainsi que des rassemblements à Rahouia, à environ 40 km de Tiaret. Les manifestants ont même empêché le préfet de quitter le siège du district tant qu’il n’écoutait pas leurs revendications.

Réactions du gouvernement

Face à ces protestations, le président Tebboune a convoqué un Conseil des ministres le 2 juin et a ordonné aux ministres de l’Intérieur et des Ressources hydrauliques de proposer un programme urgent dans les 48 heures. Les ministres Brahim Merad et Taha Derbal se sont rendus à Tiaret pour présenter un plan visant à résoudre la crise avant l’Aïd al-Adha. Ce plan comprenait la mise en service d’un système d’approvisionnement à partir de puits forés, solution qui semble avoir résolu le problème dans le centre-ville mais pas dans les autres quartiers.

Tensions persistantes et solutions à long terme

La situation reste tendue malgré les mesures prises. Des manifestations sporadiques continuent, et la pénurie d’eau persiste dans plusieurs zones. L’ingénieur agronome Said Ouarad a expliqué que les réservoirs de la région sont à seulement 20% de leur capacité en raison de la sécheresse pluriannuelle et de la baisse des précipitations. Les nappes phréatiques, quant à elles, n’ont pas été rechargées depuis des années.

À long terme, l’Algérie envisage de diversifier ses sources d’approvisionnement en eau, notamment par des transferts depuis des barrages situés plus au nord et au sud de Tiaret, ainsi que par l’utilisation d’usines de dessalement. En attendant, des solutions temporaires telles que le transport d’eau par camions-citernes et la construction de nouvelles canalisations sont mises en œuvre.

Contexte politique

Ces émeutes surviennent dans un contexte politique délicat, à quelques mois de l’élection présidentielle anticipée prévue pour le 7 septembre. Bien que le président Tebboune n’ait pas encore annoncé officiellement sa candidature pour un nouveau mandat, il est très présent dans les médias et multiplie les initiatives pour améliorer les infrastructures du pays.

Les manifestations à Tiaret illustrent la colère et la frustration des habitants face à une crise qui dure depuis des mois. La situation met en lumière les défis auxquels l’Algérie est confrontée en matière de gestion des ressources hydrauliques, exacerbés par le changement climatique et une gestion parfois inefficace.

Les informations détaillées et les réactions des autorités montrent à quel point la situation est complexe et urgente, nécessitant des solutions à court et à long terme pour garantir un approvisionnement en eau potable à la population de Tiaret et des régions environnantes.